Quantified self: transformez vos données corporelles en véritable prévention santé

par | Oct 31, 2025 | Sexologie

Mieux connaître son corps : la révolution des données personnelles au service de votre santé

Chaque jour, mieux connaître son corps n’est plus un luxe réservé aux athlètes olympiques. En 2023, 64 % des Français utilisent au moins une application de quantified self (source : DataSanté), contre 27 % il y a cinq ans. Et selon une étude de l’OMS publiée en février 2024, le suivi régulier de la fréquence cardiaque diminue de 18 % le risque d’accident cardiovasculaire à long terme. Les chiffres parlent. Alors, comment transformer les giga-octets de vos pas, de votre sommeil ou de votre glycémie en vraie prévention ? Spoiler : il ne s’agit pas de courir après chaque notif, mais de les comprendre.


Pourquoi parler de biométrie n’est plus de la science-fiction ?

Les capteurs envahissent notre quotidien

• En 2016, la NASA monitorait déjà 21 paramètres physiologiques chez ses astronautes.
• Huit ans plus tard, votre smartphone et votre montre connectée en suivent facilement dix : rythme cardiaque, SPO2, variabilité HRV, température cutanée…
• Le marché mondial des wearables a atteint 199 milliards de dollars en 2023 (IDC), soit le PIB du Portugal.

Cette explosion technologique rappelle la Renaissance, lorsque Léonard de Vinci disséquait le corps humain pour mieux le représenter. Aujourd’hui, l’autopsie est numérique et instantanée : un clic pour visualiser vos tendances cardiaques du mois.

D’un côté… la promesse

– Détection précoce de l’apnée du sommeil (Withings, Paris).
– Algorithme ECG grand public certifié FDA (Apple, Cupertino).
– Patchs de glucose en continu qui abolissent les piqûres multiples (Abbott, Chicago).

…mais de l’autre, la prudence

– 38 % des applis santé ne respectent pas le RGPD (CNIL, 2024).
– Les faux positifs d’arythmie affichent encore 7 % d’erreur, source : revue Heart 2023.

Morale : la biométrie est un formidable outil, pas une boule de cristal. Utilisons-la, mais gardons le sésame critique de Spinoza : « Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, mais comprendre. »


Comment mieux connaître son corps avec les nouvelles méthodes de suivi ?

1. Du laboratoire à la salle de bain

Les tests salivaires instantanés étaient confidents il y a trois ans. En 2024, on les trouve en pharmacie pour doser le cortisol en 5 minutes, pratique pour objectiver votre stress. Même logique pour la microbiote box : une caissette qui analyse vos bactéries intestinales et livre un rapport PDF. Anecdote : j’ai testé en avril 2024. Verdict : déficit en bifidobacterium, alias « les peacekeepers du côlon ». Trois semaines de yaourts fermentés plus tard, adieu ballonnements.

2. L’intelligence artificielle comme copilote

Depuis 2022, l’INSERM collabore avec Google Health à Lyon pour corréler variations de température nocturne et grippes naissantes. Résultat préliminaire : taux de prédiction de 83 %. Imaginez demain : votre montre vous suggère de rester au chaud avant même le premier éternuement.

3. La réalité augmentée pour visualiser ses données

Le Centre Pompidou a exposé en janvier 2024 « L’Homme Data », installation immersive où l’on navigue dans un jumeau numérique de son propre cœur. Gadget ? Pas seulement. Des chirurgiens de la Pitié-Salpêtrière testent déjà ces hologrammes pour planifier des opérations cardiaques complexes.


Qu’est-ce que le « bilan corps » mensuel et comment le mettre en place ?

Le bilan corps, c’est un check-up express de 15 minutes, à réaliser toutes les quatre semaines. Objectif : transformer des données brutes en décisions concrètes.

  1. Pesée impédancemètre (graisse, eau, muscle).
  2. Rythme cardiaque au repos, idéalement au réveil.
  3. Tour de taille, témoin fiable du risque métabolique.
  4. Humeur et énergie : une note sur 10 dans un journal (bullet journal ou appli).
  5. Si possible, taux de glucose ponctuel (pour les sportifs ou les gourmets).

Pourquoi mensuel ? Un cycle complet de renouvellement cellulaire dure environ 28 jours. Trop court, et vous ne voyez pas de tendance ; trop long, et vous manquez les signaux faibles.


Quels outils concrets adopter sans se ruiner ?

Pack minimaliste (moins de 100 €)

Balance impédancemètre basique : 35 €.
Oxymètre de pouls portable : 25 €.
Carnet papier ou appli gratuite (par exemple Health Mate).

Pack avancé (300 à 400 €)

Smartwatch ECG + SPO2.
– Patch glycémique 14 jours.
– Anneau de sommeil type Oura.

La Banque Mondiale rappelle que chaque euro investi dans la prévention en fait économiser trois à terme. Vu l’inflation, c’est presque plus rentable que le Livret A.


Les limites éthiques auxquelles vous devez vraiment penser

Il serait irresponsable d’ignorer le Big Brother biométrique. Camille Alloing, chercheur en éthique numérique à Montréal, résume : « Les données de santé sont votre ADN digital. Vous ne les laisseriez pas traîner sur un banc public. »

• Activez la double authentification sur vos apps.
• Exigez le chiffrement AES-256 des fabricants.
• Vérifiez la suppression automatique après export.

Sans ces garde-fous, vos habitudes de sommeil pourraient atterrir chez votre assureur, et ça, ni Orwell ni Asimov n’en auraient rêvé.


Peut-on vraiment prévenir la maladie grâce au self-tracking ?

Les premiers résultats sont encourageants. Une méta-analyse de The Lancet Digital Health (décembre 2023) montre 22 % de diminution des hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez les patients équipés de capteurs connectés. Toutefois, l’effet placebo technologique existe : on se sent déjà plus en forme parce qu’on lit ses stats. Autrement dit, la donnée motive, mais seule l’action change la donne.

Je l’ai vécu en 2020, après un burn-out éditorial : montre neuve, sommeil toujours chaotique. L’app clamait « Vous avez dormi 6 h », moi j’étais exténué. Ce n’est qu’en avançant mes heures de coucher — geste concret — que la courbe a remonté. Moralité : les chiffres sont des panneaux, pas la destination.


Mon point de vue de journaliste curieux et cobaye volontaire

Observer son corps, c’est renouer avec l’héritage d’Hippocrate autant qu’embrasser la Silicon Valley. Sur mon bureau, un bocal de kombucha côtoie un capteur de CO₂ domestique : contraste délicieux entre tradition fermentée et capteur laser.

Depuis que je pratique le bilan corps mensuel, j’ai repéré une corrélation inattendue : quand mon temps d’écran dépasse 7 h, ma variabilité cardiaque chute de 10 %. Un rappel que la santé n’est pas qu’affaire de biceps, mais d’hygiène numérique.

Vous voilà armé·e. Pesez, notez, questionnez, mais surtout écoutez ce que vos tripes — littéralement — murmurent. J’aimerais lire vos propres observations : la data a du sens lorsqu’elle devient récit collectif. Alors, prêt·e à écrire la prochaine page de votre aventure intérieure ?

Gremy François

Gremy François

Auteur / 📍 Expert en Santé Publique et Médicale

🎓 Diplômé en Hématologie et Recherche Médicale de l’Université Pierre et Marie Curie
🏢 Ancien poste : Responsable de recherche clinique à l’Institut National de la Santé
🔬 Focus sur les maladies du sang et la recherche avancée
📚 Engagé dans la diffusion du savoir et l’éducation médicale
🌐 Passionné de recherche médicale | Engagé dans l’éducation et la prévention
🌟 Présence marquée dans la communauté scientifique
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