Phytothérapie : les 5 tendances santé qui vont marquer 2024
Phytothérapie rime avec regain d’intérêt : 62 % des Français ont consommé au moins une tisane médicinale en 2023, selon l’IFOP. Mieux : le marché mondial des soins naturels pèse désormais 35 milliards de dollars, et grimpe de 7 % par an (chiffres 2024 de Grand View Research). Rien d’étonnant donc si les rayons d’herboristerie fleurissent plus vite que les tulipes du parc de Sceaux ! Dans ces lignes, je décortique les tendances, j’ouvre mes carnets de terrain et — promis — je reste fidèle à la rigueur journalistique. Accrochez-vous à votre mug : l’infusion va commencer.
L’essor fulgurant des extraits adaptogènes
Le mot est un peu barbare, l’effet rarement décevant. Les plantes adaptogènes (rhodiola, ashwagandha, ginseng) aident l’organisme à mieux gérer le stress, d’où leur cote d’amour.
- En 2022, l’Inserm recensait 186 études cliniques sur les adaptogènes.
- D’ici fin 2024, les ventes de rhodiola devraient progresser de 12 % en Europe de l’Ouest (rapport Euromonitor).
- L’Organisation mondiale de la santé (OMS) cite déjà la rhodiola comme « plante d’intérêt prioritaire ».
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Pourquoi cet engouement soudain ?
D’un côté, la fatigue pandémique a laissé des traces. De l’autre, Netflix a popularisé les « super-herbes » dans sa série documentaire « Heal ». Résultat : mon herboriste du 11ᵉ arrondissement à Paris voit ses stocks d’ashwagandha fondre plus vite qu’un sorbet au soleil. Clin d’œil à Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament ». Visiblement, il parlait aussi de racines séchées !
Comment préparer une décoction parfaite ?
Vous tapez souvent cette question dans Google à 23 h, théière fumante à la main. Allons droit au but.
- Choisissez 1 cuillère à soupe de plante sèche (écorces, racines ou graines).
- Plongez-la dans 250 ml d’eau froide.
- Portez lentement à ébullition (5 minutes).
- Maintenez un frémissement doux pendant 10 minutes.
- Couvrez, laissez reposer 5 minutes supplémentaires, puis filtrez.
Petit plus de pro : ajoutez quelques grains de poivre noir pour améliorer la biodisponibilité de certains principes actifs (notamment la curcumine). Testé, approuvé : la saveur gagne en profondeur, le teint aussi !
Pourquoi les infusions de plantes locales séduisent-elles les Français ?
La réponse tient en trois mots : écologie, traçabilité, terroir. Entre 2021 et 2023, les cueillettes sauvages encadrées par le label « Simples » ont grimpé de 28 %.
• À Florac, dans les Cévennes, la coopérative « Cueilleurs de Causses » transforme 17 tonnes de thym sauvage par an.
• Au jardin du monastère de Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence), les bénédictins distillent leur propre lavande depuis 1851 ; en 2024, ils exportent 40 % de leur production vers le Japon.
• Même les chefs étoilés s’y mettent : Alain Passard a troqué la verveine chilienne pour la mélisse de Sarthe dans ses desserts.
D’un côté, la relocalisation rassure les consommateurs après les pénuries de 2020. Mais de l’autre, certaines plantes exotiques conservent des vertus introuvables sous nos latitudes (le tulsi, par exemple, reste incomparable pour réguler la glycémie). Ma posture ? Alterner local et lointain, comme on marie un vin du Jura à un plat thaï : équilibre et curiosité.
Entre mythes et preuves : que dit la science en 2024 ?
L’heure est aux revues systématiques. PubMed référençait 9 215 articles sur la phytothérapie clinique en janvier 2024, soit +14 % en deux ans. Les chiffres suffisent-ils ? Non, mais ils cadrent le débat.
Qu’est-ce que la Commission E allemande ?
Créée en 1978, la Commission E évalue l’efficacité des plantes médicinales. En 2023, elle a actualisé 24 monographies ; la passiflore conserve par exemple la mention « efficace contre l’anxiété légère ». Voilà du concret, loin des légendes urbaines.
Résultats probants : trois études marquantes
- Mars 2023, université d’Oxford : l’extrait de feuille d’olivier réduit la tension systolique de 5 mmHg après 8 semaines (essai randomisé, 232 participants).
- Juin 2024, CHU de Strasbourg : la cure de curcuma bio-optimisé soulage 48 % des patients souffrant de colite ulcéreuse en rémission (p < 0,05).
- Septembre 2023, Johns Hopkins : l’huile essentielle de lavande inhalée 15 minutes avant le coucher améliore la latence d’endormissement de 11 minutes moyenne.
Mais des zones d’ombre subsistent
La sauge officinale est-elle vraiment hormon-like ? Les études se contredisent. Et la FDA rappelle qu’aucun extrait n’est anodin : 3 % des déclarations d’effets indésirables liées aux compléments alimentaires concernaient des plantes, en 2022. Vigilance donc, surtout en cas de traitement concomitant (anticoagulants, antidépresseurs).
Ma routine perso pour traverser l’hiver sans (trop) éternuer
Oui, place aux confidences ! Chaque matin de janvier, je mise sur une tisane « bouclier » maison : échinacée, sureau, gingembre, une larme de miel de châtaignier. Verdict : deux rhumes en trois hivers, contre quatre avant (échantillon très subjectif : moi-même !). Le soir, je troque la série « ER » pour un bain de pieds à la moutarde noire – conseil glané auprès d’une vieille herboriste de Berlin. Sensation cocoon garantie, odeur… particulière, je vous l’accorde.
Points clés à retenir
• Les adaptogènes dominent 2024, portés par un besoin de gestion du stress post-Covid.
• La technique de la décoction nécessite un frémissement, pas une ébullition volcanique.
• Les plantes locales gagnent du terrain pour des raisons écologiques et gustatives.
• La science valide, nuance ou réfute : consultez toujours un professionnel de santé.
• Mélangez savoir ancestral et données modernes pour une routine naturelle équilibrée.
Envie de prolonger l’aventure verte ? Glissez vos questions sous mon dernier billet consacré aux huiles essentielles (un autre de mes terrains de jeu), ou testez ma recette de sirop de tilleul publiée la semaine dernière. Je serai ravie de lire vos retours d’infusion nocturne — et peut-être de découvrir LA plante secrète de votre grand-mère. À vos tasses !
