Pendant la grossesse, le corps vit une série de transformations hormonales, physiologiques et immunitaires. Ces changements ont des répercussions significatives sur l’équilibre de la flore intime. Adopter une routine d’hygiène intime adaptée devient alors indispensable pour préserver la santé de la maman et celle du bébé à venir. Voici un guide complet pour prendre soin de cette zone fragile durant les neuf mois de la grossesse.
ourquoi l’hygiène intime pendant la grossesse est-elle cruciale ?
Préserver un environnement vaginal stable
Durant la grossesse, la production d’œstrogènes augmente, modifiant le pH vaginal qui devient moins acide. Ce changement rend la région vulvaire plus vulnérable aux infections telles que la candidose ou la vaginose bactérienne.
La prolifération de certains micro-organismes est facilitée par un affaiblissement relatif du système immunitaire. Protéger cet équilibre est indispensable pour éviter des complications qui peuvent, dans certains cas, atteindre le fœtus.
Protéger la santé du fœtus
Un déséquilibre de la flore vaginale peut induire une inflammation localisée, voire une infection remontante qui, dans les situations critiques, augmente le risque d’accouchement prématuré ou de rupture prématurée des membranes.
« La vaginose bactérienne est présente chez 14,5 % des femmes enceintes, selon certaines études. Sa détection et son traitement rapide sont recommandés. »
Évolution physiologique de la flore intime par trimestre
Bien qu’il soit difficile d’établir des valeurs précises de pH vaginal pour chaque trimestre, les données montrent une tendance générale. Sous l’effet de l’imprégnation hormonale, la sécrétion de glycogène favorise la croissance des lactobacilles, mais le pH devient modérément moins acide au fil des mois.
Trimestre Tendances de pH Risque d’infection
1er trimestre pH 4 – 4,5 Augmentation modérée
2ème trimestre pH 4,2 – 5 Risque élevé de candidose
3ème trimestre pH 4,5 – 5,5 Risque élevé de vaginose
Risques liés à une hygiène intime insuffisante
- Candidose vulvo-vaginale : touche 20 à 40 % des femmes enceintes.
- Vaginose bactérienne : associée à des complications obstétricales dans 14,5 % des cas.
- Infections urinaires : les déséquilibres microbiens favorisent la remontée bactérienne.
Bonnes pratiques d’hygiène intime pendant la grossesse
- Nettoyage externe uniquement, avec un soin doux, sans agents agressifs.
- Fréquence : une à deux fois par jour, pas plus.
- Séchage rigoureux, sans frottement.
- Vêtements en coton, à changer régulièrement.
Mon conseil : j’insiste auprès des patientes sur le séchage après la douche. L’humidité résiduelle, très fréquente sous le ventre arrondi au dernier trimestre, est une porte d’entrée redoutable pour les champignons.
Quel produit d’hygiène intime utiliser pendant la grossesse ?
Gels, savons et lingettes adaptés
Utiliser des soins spécifiques au pH physiologique (autour de 4 – 4,5) permet de ne pas altérer l’équilibre vaginal. Les produits adaptés à la grossesse doivent être sans savon, sans colorant et sans parfum agressif. Les gels lavants enrichis en extraits naturels comme la sauge ou le thym sont bien tolérés.
Certains laboratoires, comme les produits Saugella, proposent des gammes spécialement formulées pour les muqueuses sensibles, particulièrement adaptées aux besoins des femmes enceintes.
Les protections hygiéniques
Durant la grossesse, les pertes peuvent augmenter. Utiliser des protège-slips respirants et éviter les produits parfumés diminue les risques de macération.
Ingrédients à privilégier et à éviter
À privilégier À éviter absolument
Acide lactique Parabènes
Extraits de camomille, sauge Alcools
gents hydratants naturels (glycérine végétale)Parfums de synthèse
Importance du pH et maintien de la flore vaginale
Le pH vaginal idéal durant la grossesse évolue autour de 4,5. Cette acidité protège contre les germes pathogènes. Elle dépend directement des lactobacilles. Leur équilibre peut être soutenu par des prébiotiques ou des probiotiques oraux ou locaux (ovules).
« En maintenant un pH stable, on réduit les risques d’infections opportunistes durant les neuf mois de grossesse. »
Alternatives naturelles et remèdes validés
La phytothérapie propose des remèdes doux, validés scientifiquement. Les ovules contenant de l’huile d’arbre à thé ou des extraits de calendula sont parfois prescrits sous avis médical.
Un bain de siège avec infusion de camomille peut apaiser les inconforts passagers, mais doit être occasionnel et bien surveillé.
Conseils spécifiques par trimestre
- 1er trimestre : attention accrue aux nausées et vomissements pouvant indirectement impacter l’immunité vaginale.
- 2e trimestre : surveiller les pertes, qui augmentent naturellement.
- 3e trimestre : accent sur l’hydratation locale et vigilance aux signes d’infections.
Hygiène intime et sexualité pendant la grossesse
Les rapports restent possibles sauf contre-indication médicale. Toutefois, après chaque rapport, il est recommandé de se laver avec un soin doux et de nature apaisante.
Les lubrifiants à base d’eau sont préférables. Éviter les gels contenant de la glycérine ou des parfums, qui favorisent la prolifération fongique.
Quand consulter un professionnel ?
- Présence d’odeur désagréable persistante
- Démangeaisons, sensations de brûlures inhabituelles
- Modifications soudaines des pertes vaginales (couleur, texture)
Ne pas attendre pour consulter, même en l’absence de douleurs importantes. Un examen gynécologique rapide permet souvent de prévenir des complications.
FAQ des futures mamans
Peut-on utiliser un gel lavant classique ?
Non. Les gels lavants du commerce, même « doux », sont souvent trop alcalins et dessèchent les muqueuses.
Quelle fréquence de lavage ?
Une fois par jour suffit. Un excès d’hygiène altère la flore et provoque des déséquilibres.
Peut-on faire des douches vaginales ?
Jamais. Elles perturbent le microbiome vaginal et augmentent les risques d’infections ascendantes.

