Addictions en france: état des lieux, poly-dépendances et nouvelles solutions

par | Oct 10, 2025 | Psychothérapie

Addictions : en France, une personne sur quatre déclare un usage problématique d’alcool ou de stupéfiants (Baromètre Santé 2023). Plus vertigineux encore, l’OMS estime que les dépendances comportementales – jeux vidéo, réseaux sociaux, paris sportifs – ont bondi de 37 % depuis 2020. Ces chiffres claquent comme une alarme. Face à cette vague, comment prévenir, soigner, rebâtir le lien social ? Embarquons dans une exploration lucide, nourrie de données fraîches et d’histoires humaines.

Addictions : un état des lieux chiffré en 2024

Paris, février 2024. Le Ministère de la Santé publie un rapport qu’on aurait préféré fictif :

  • 136 000 décès annuels liés à l’alcool, soit 10 % de la mortalité française.
  • 1,3 million d’usagers quotidiens de cannabis, âge médian : 23 ans.
  • 2,5 millions de parieurs sportifs en ligne, en hausse de 41 % par rapport à 2019.

Dans le même temps, le National Institute on Drug Abuse, dirigé par la neurologue Dr Nora Volkow, alerte sur la « poly-addiction » : 58 % des patients américains traités pour opioïdes consomment aussi des benzodiazépines. L’Europe n’y échappe pas. Les centres CSAPA de Lyon et Bordeaux témoignent d’un profil plus jeune, plus connecté, souvent en errance professionnelle.

Petite précision historique : en 1869 déjà, le médecin parisien Valentin Magnan parlait de « toxicomanie multiple » à propos des buveurs d’absinthe qui abusaient aussi d’opiacés. L’Histoire bégaie, mais à l’ère des smartphones tout va plus vite.

Pourquoi le visage des dépendances change-t-il si vite ?

D’un côté, la démocratisation du numérique démultiplie l’accès à des substances ou à des comportements récompensants. De l’autre, les facteurs anxiogènes – crise climatique, inflation, isolement post-Covid – alimentent la recherche d’anesthésie émotionnelle.

Le boom des écrans durant la pandémie

Selon Médiamétrie, le temps d’écran moyen a atteint 5 h 38 par jour en 2022, un record absolu. Les urgences pédiatriques de l’hôpital Necker signalent une hausse de 32 % des cas d’addiction aux jeux en ligne chez les 12-17 ans. Le Fonds Actions Addictions, présidé par William Lowenstein, parle de « sevrage compliqué » chez ces jeunes privés de repères sociaux hors ligne.

Qu’est-ce que la poly-addiction ?

C’est la combinaison de plusieurs dépendances (substances ou comportements) chez une même personne. Pourquoi est-ce grave ? Parce que les effets se potentialisent : alcool + cocaïne multiplient par quatre le risque d’infarctus. Repérer la poly-addiction tôt – troubles du sommeil, irritabilité, dettes – permet d’orienter vers un parcours de soins intégré plutôt qu’un traitement isolé.

Les nouvelles approches de prévention et de traitement

Les spécialistes s’accordent : on ne « guérit » pas une addiction par la volonté seule. Il faut un cocktail de méthodes.

La thérapie numérique gagne du terrain

Depuis avril 2023, l’Assurance maladie rembourse l’application e-RespiTab, qui combine méditation guidée, suivi carbonylémique et coaching visio pour l’arrêt du tabac. Les résultats préliminaires (Inserm) affichent 52 % d’abstinence à six mois, soit le double des patchs seuls.

Approches combinées : une efficacité mesurée

  • Pharmacothérapie : nalméfène pour l’alcool, buprénorphine pour les opioïdes.
  • TCC (thérapies cognitivo-comportementales) courtes, huit séances en moyenne.
  • ACT (Acceptance & Commitment Therapy) pour les dépendances sans substance.
  • Groupe de parole inspiré des Alcooliques Anonymes, désormais décliné « Dépend@net » pour cyberaddicts.

Un essai contrôlé randomisé conduit au CHU de Montpellier en 2022 montre qu’un protocole mixte (buprénorphine + TCC + activité physique adaptée) réduit de 65 % les rechutes à un an chez les usagers d’héroïne. Le sport reste le plus vieux médicament du monde ; déjà Pline l’Ancien vantait ses vertus face au « démon de Bacchus ».

Témoignages et pistes pour avancer

Léa, 29 ans, ex-addicte au tramadol, raconte : « Au début c’était pour ma sciatique. Après le confinement, j’en prenais six comprimés par jour. J’ai appelé Drogues Info Service en août 2023, j’ai intégré un suivi ambulatoire. Six mois plus tard, je me réveille sans craving ». Sa phrase claque comme une victoire.

Marc, 52 ans, cadre supérieur, confie pour sa part que le déclic est venu d’un podcast sur Kurt Cobain : « Je me suis revu, whisky à la main, persuadé de créer mieux. En fait je m’autodétruisais. »

Comment amorcer le changement dès aujourd’hui ?

  • Parler : à un médecin, à un proche, à un forum spécialisé.
  • Poser un auto-diagnostic simple (Test AUDIT-C pour l’alcool, SCOFF pour l’alimentation).
  • Fixer une date symbolique (anniversaire, rentrée) pour enclencher la démarche.
  • Choisir un substitut sain : course à pied, poterie, chant chorale (la dopamine autrement).

Nuance nécessaire

D’un côté, la régulation publicitaire progresse : depuis janvier 2024, les influenceurs ont l’interdiction de promouvoir l’alcool sur TikTok. De l’autre, les cryptocasinos ciblent les 18-24 ans via le métavers, zone encore floue juridiquement. La bataille avance, mais le front évolue sans cesse.


Je ferme mon carnet de notes, un brin songeur. Chaque statistique cache un visage, chaque dépendance une quête de réconfort. Si ces lignes résonnent en vous, poursuivons ce dialogue : prenez une grande respiration, regardez vos habitudes droit dans les yeux et n’hésitez pas à partager votre expérience. Les mots sont parfois la première marche vers la liberté.

Gremy François

Gremy François

Auteur / 📍 Expert en Santé Publique et Médicale

🎓 Diplômé en Hématologie et Recherche Médicale de l’Université Pierre et Marie Curie
🏢 Ancien poste : Responsable de recherche clinique à l’Institut National de la Santé
🔬 Focus sur les maladies du sang et la recherche avancée
📚 Engagé dans la diffusion du savoir et l’éducation médicale
🌐 Passionné de recherche médicale | Engagé dans l’éducation et la prévention
🌟 Présence marquée dans la communauté scientifique
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