Addictions 2024 : un spectre élargi exige prévention et innovation audacieuses

par | Sep 7, 2025 | Psychothérapie

Addictions : en 2024, le spectre s’élargit. Selon l’OMS, plus de 284 millions de personnes vivent un trouble lié à l’alcool, et l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) signale 1,3 million de consommateurs quotidiens de cannabis dans l’Hexagone (rapport 2024). Derrière ces chiffres, il y a des visages, des familles, des trajectoires. Mon métier de journaliste me ramène sans cesse à ces histoires de lutte, de rechute, de résilience. Parlons vrai, parlons prévention, parlons futur.

Pourquoi les addictions explosent-elles chez les 18-25 ans ?

La question hante les salles de classe comme les services hospitaliers. Trois causes majeures se dégagent :

  • Pression sociale et économique : l’INSEE rappelait fin 2023 que 22 % des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté. L’alcool bon marché ou la nicotine deviennent des échappatoires rapides.
  • Hyperconnexion : TikTok, Twitch, Instagram… L’exposition constante à des contenus glorifiant la fête ou le « binge drinking » renforce la normalisation.
  • Troubles anxieux post-pandémie : la crise sanitaire a doublé les symptômes dépressifs chez les jeunes Français (Santé publique France, 2023).

D’un côté, l’accès facile aux substances multiplie les tentations ; de l’autre, les dispositifs de repérage précoce manquent de moyens. Le Dr Nora Volkow, directrice du NIDA, martelait en janvier 2024 que chaque dollar investi dans la prévention en fait économiser sept en prise en charge. L’équation semble évidente, mais la mise en œuvre patine.

Tendances 2024 : le virage numérique des thérapies

Téléconsultations et applis de sevrage

Le remboursement de la télé-addictologie par l’Assurance maladie depuis avril 2024 change la donne. En moins de six mois, Doctolib a recensé +38 % de rendez-vous dédiés aux troubles de l’usage. Sur mon écran, je revois Léa, 29 ans, connectée depuis un village corrézien : « Sans la visio, je n’aurais jamais osé franchir le pas ».

Les applications de sevrage tabagique ou alcool (Kwitt, TryDry) cumulent désormais plus de 250 000 utilisateurs actifs mensuels en France. Leur force ? Des notifications dopées à l’intelligence artificielle qui célèbrent chaque palier de sobriété.

Réalité virtuelle et IA thérapeutique

En février 2024, le CHU de Nantes a inauguré un protocole de réalité virtuelle immersif reproduisant un bar. Objectif : exposer les patients à leurs déclencheurs (les fameux « cues ») pour apprendre à y résister. Résultat préliminaire : 60 % de réduction des envies après six séances.

Je suis allé tester le dispositif. Casque sur la tête, musique jazz, tintements de verres : la scène paraît banale. Mais l’IA ajuste en temps réel la difficulté, augmente le volume d’un rire ou l’odeur d’un whisky simulé. Intrigant, parfois dérangeant, surtout efficace.

L’ombre longue de la pandémie

Mars 2020 restera une date charnière, comme l’a été 1919 pour la Prohibition ou 1971 pour la « war on drugs » de Nixon. La Fondation Jean Jaurès estime que le confinement a fait bondir la consommation d’anxiolytiques de 15 %. Paradoxalement, les ventes d’alcool ont décru en grande surface (-3 %), mais le e-commerce a triplé (Fevad, 2021-2022).

Je me souviens d’Éric, 52 ans, cadre supérieur, rencontré lors d’une enquête pour Libération. « J’ai commencé à boire en visio-apéro. Deux ans plus tard, j’étais en cure à La Ciotat. » L’homme cite Charles Bukowski pour relativiser sa descente : « Find what you love and let it kill you ». Sauf qu’ici, la mort n’est pas métaphorique.

Des cicatrices invisibles persistent : troubles du sommeil, isolement social, irritabilité. Les services d’addictologie de l’AP-HP notent encore un surplus de consultations de +21 % comparé à 2019. Comme un écho prolongé.

Comment aider sans juger ? (Paragraphe réponse directe)

Qu’est-ce que la prévention efficace ? Les spécialistes s’accordent sur trois leviers :

  1. Repérage précoce dès le lycée à l’aide de questionnaires anonymes (CAST, AUDIT).
  2. Approche motivationnelle : plutôt que d’imposer l’abstinence, on fixe des objectifs réalistes (réduction, usage contrôlé).
  3. Soutien pluridisciplinaire (psychologue, addictologue, pair-aidant) pour gérer le craving, le stress et la nutrition (thématique connexe).

Important : ces informations sont générales et ne remplacent pas un avis médical. Pour tout symptôme, consultez un professionnel.

Ce que disent les neurosciences… et mes carnets

INSERM 2024 rappelle que la plasticité cérébrale permet la « re-myélinisation » après un sevrage prolongé. Autrement dit, le cerveau se répare. Cette donnée scientifique alimente mon optimisme de terrain. Je revois Karim, ex-joueur compulsif, récitant du Camus en sortie de groupe : « Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été ». Sa voix tremblait, mais sa détermination brillait.

Pourtant, tout n’est pas rose. Les innovations suscitent des débats. Le psychostimulant méthylphénidate testé en phase II pour l’alcool offrira-t-il une aide ou ouvrira-t-il une dépendance médicamenteuse ? D’un côté, les partisans évoquent un taux d’abstinence de 48 % à six mois. De l’autre, les sceptiques, comme le Pr Amine Benyamina (AP-HP), craignent un « transfert d’addiction ». La vigilance s’impose.

Bullet points à retenir

  • 284 M de personnes vivent un trouble lié à l’alcool (OMS, 2023).
  • 1,3 M de Français consomment du cannabis chaque jour (OFDT, 2024).
  • +38 % de télé-consultations addictologie depuis avril 2024.
  • 60 % de réduction du craving grâce à la réalité virtuelle (CHU Nantes).

Je ferme mon carnet, une chanson de Lou Reed en tête – « Perfect Day » écrite sous héroïne, paradoxale célébration de la douceur. Si vous avez lu jusqu’ici, c’est que vous cherchez plus qu’un déluge de chiffres : peut-être une lueur d’espoir, un moyen d’agir. Revenez explorer nos dossiers sur le stress, le sommeil ou la méditation : chaque pas compte et votre curiosité est déjà une force.

Gremy François

Gremy François

Auteur / 📍 Expert en Santé Publique et Médicale

🎓 Diplômé en Hématologie et Recherche Médicale de l’Université Pierre et Marie Curie
🏢 Ancien poste : Responsable de recherche clinique à l’Institut National de la Santé
🔬 Focus sur les maladies du sang et la recherche avancée
📚 Engagé dans la diffusion du savoir et l’éducation médicale
🌐 Passionné de recherche médicale | Engagé dans l’éducation et la prévention
🌟 Présence marquée dans la communauté scientifique
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